Le marché du drone est en plein boom, notamment dans le cadre d’un usage privé. De nombreuses données circulent, de nouvelles applications se développent. Pour clarifier l’état du secteur et envisager son avenir, Robots&Compagnie interviewe Clément Alaguillaume, fondateur de la société Sysveo (constructeur et solutions pour drones).
Sa vision ? Le développement des « drones Apps » et des drones à usage civil toujours plus connectés. Zoom sur le marché émergent du drone.
Le marché du drone évolue comme celui du Smartphone
Rappelons que le drone, c’est d’abord un assemblage de plusieurs technologies (une carte équipée d’un processeur, des capteurs…) qui sont fixées sur une structure elle-même dotée de moteurs, batteries, hélices…
Le drone, c’est aussi un système d’exploitation – qui permet au drone de fonctionner avec un Smartphone ou avec une radiocommande – et l’on retrouve à ce niveau le même clivage que dans la téléphonie mobile : d’un côté les systèmes d’exploitation en licence libre (ou « open source »), comme Android, et de l’autre côté les systèmes fermés ou propriétaires, comme Windows.
Les Français Parrot rejoignent le consortium en licence libre
Dans ce petit monde du drone, quelques gros acteurs tiennent le marché. Côté français, c’est la société Parrot qui tient les rênes. Spécialisée dans la création et la vente de technologies pour les objets connectés, Smartphones et tablettes, Parrot a su trouver des solutions adaptées à l’utilisation du drone et tirer son épingle du jeu sur le marché grand public.
Parrot a rejoint la société chinoise Yuneec ainsi que la société nord-américaine 3DRobotics dans un consortium destiné à développer un système d’exploitation en open source : le consortium drone code, fondé sur les technologies de la communauté Arduino*.
*Arduino, c’est une technologie utilisée dans le monde entier par des professionnels de tout bord (designers, développeurs, codeurs, chercheurs, geeks en tout genre…) qui permet de créer des objets interactifs très facilement, sans connaissance particulière, en connectant des capteurs entre eux.
Le chinois DJI en licence fermée
En face, la société chinoise DJI évolue « en circuit fermé » puisqu’elle est propriétaire de l’ensemble de ses technologies et systèmes d’exploitation. Elle détient aujourd’hui 70 % des parts du marché mondial et réalise un chiffre d’affaires d’un milliard de dollars.
Son objectif : rejoindre les monstres Google, Apple, Facebook et Amazon ; aucun consortium en vue, la maîtrise totale de toutes ses technologies, mais la signature de nombreux partenariats avec des industriels comme Ford, Walmart…
La guerre des SDK et l’émergence des drones Apps
Le SDK (Software Développement Kit) est un support qui permet de développer des logiciels. C’est à partir d’un SDK que les développeurs web peuvent créer des applications web. Et c’est là que la bataille commence. Le chinois DJI s’est récemment implanté dans la Silicon Valley pour développer son propre SDK. Les entreprises du consortium drone code ont également lancé leur SDK. Elles bénéficient en outre du soutien financier massif de leurs actionnaires fondateurs pour développer de nouveaux processeurs adaptables aux problématiques du drone, comme la création de capteurs anticollision par exemple. Le trio n’a pas encore rattrapé le géant DJI, mais ses parts de marché grimpent à vue d’œil.
De la guerre des SDK, de qui aura la meilleure technologie… La bataille fait naître des applications toujours plus sophistiquées : les « drones Apps », comme l’intégration de caméras thermiques, de caméras à 360 degrés… La prochaine étape consiste à intégrer la réalité augmentée dans le pilotage du drone, à l’aide de lunettes Oculus qui associeront images réelles et images virtuelles.
Ces gros acteurs ont su placer de fortes barrières à l’entrée et il sera difficile pour une nouvelle startup de se faire une place à part entière. Par contre, certaines marques aux produits connexes et au marketing léché pourraient s’insérer sur le marché, comme GoPro, par exemple.
En conclusion, le marché du drone à usage civil semble prendre la même tournure que celui du Smartphone avec une course à la création d’applications toujours plus sophistiquées ; pour une utilisation du drone à des fins variées. Du drone, nous sommes en passe de basculer vers le drone connecté.
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