« Si l’abeille disparaît, l’humanité en a pour quatre ans », disait Albert Einstein. L’extinction progressive des abeilles est bel et bien une problématique majeure à laquelle l’humanité doit faire face. Et c’est auprès de la robotique et de l’intelligence artificielle que la communauté scientifique se tourne. Le projet fou d’introduire des « abeilloïdes » dans la nature pourrait bien voir le jour…

Un taux de mortalité anormalement élevé chez les abeilles

robot abeilleEn Europe, en Amérique du Nord ou encore en Asie, le constat est le même : depuis 30 ans, le nombre d’abeilles diminue. Cette surmortalité s’accélère depuis le milieu des années 90 pour atteindre un taux record de 30 à 35 % en 2015.

Les causes sont connues : le manque de nourriture du à la pratique de la monoculture, l’invasion du frelon asiatique tueur d’abeilles, l’avènement de nouveaux parasites ou encore l’utilisation d’insecticides qui se diffusent dans les plantes et leurs fleurs, intoxiquant les abeilles au moment de la pollinisation.

Les conséquences de la surmortalité des abeilles

Albert Einstein avait raison. Si elle disparaît, l’humanité aura une espérance de vie de quatre ans, puisque l’abeille, par la pollinisation, sert à la reproduction de près de 80 % des végétaux cultivés ou sauvages. Un tiers de la nourriture que nous consommons dépend directement des abeilles.

L’abeille est l’acteur principal dans l’équilibre de notre écosystème.

Et la robotique dans tout ça ?

robot abeillePour ralentir la surmortalité de nos amies les abeilles, des chercheurs de l’Université de Harvard ont inventé le « Robot-Fly ». Ce mini drone en fibre de carbone est aussi petit qu’une pièce de monnaie et pèse moins d’un gramme. Il vole grâce à deux petites ailes ; bref, il ressemblerait presque à un insecte vivant. Son système de navigation imite la vue des abeilles et il se déplace de manière autonome. Les chercheurs envisagent d’utiliser le Robot Fly pour polliniser les plantes et compenser ainsi l’extinction croissante de l’espèce.

Les abeilloïdes Robobee

robot abeilleToujours à l’Université de Harvard, des ingénieurs travaillent en partenariat avec des biologistes de la Northeastern University de Boston pour créer une sorte de champ de pollinisation capable de faire croître des cultures, et ce depuis 2009 déjà ! Des « abeilloïdes », des robots-abeilles de 3 cm d’envergure, pesant à peine 80 microgrammes, arrivent à voler à la vitesse phénoménale de 120 battements d’ailes par seconde grâce à la piézoélectricité, soit la capacité de déformer la matière sous l’effet d’une tension électrique.

robot abeilleLe défi consiste aujourd’hui à organiser le déploiement des  abeilloïdes en milieu naturel et agricole ; et pour cela, les doter d’une intelligence artificielle propre et d’une intelligence de groupe. Pour une pollinisation en toute autonomie, les abeilloïdes devront interagir et s’organiser entre elles, comme le font nos abeilles. Les ingénieurs imaginent un système de ruche doté d’une sorte de disque dur où les RoboBee pourraient déposer les informations collectées. Un programme informatique pourra alors, à partir de ces données, indiquer à chaque RoboBee sa zone de pollinisation. Un autre programme se chargera ensuite d’analyser l’essaim dans son intégralité pour apporter une réponse collective aux  abeilloïdes et leur permettre de s’organiser entre elles.

Une autre contrainte, plus pragmatique, est rencontrée par les ingénieurs. Elle concerne le système d’alimentation des RoboBee. Les recherches se tournent vers l’utilisation de piles miniatures à oxyde solide et à terme, vers l’utilisation de l’énergie solaire.

Le projet RoboBee dénoncé par Greenpeace

Le projet est dans la ligne de mire des organismes protecteurs de l’environnement qui ne comprennent pas la logique des chercheurs. Greenpeace estime plus important de lutter contre la disparition des abeilles plutôt que de créer des robots pour compenser leur absence. Une campagne de communication « Ceci n’est pas notre vision de l’agriculture » a été lancée par l’organisme. Elle pose la question du rapport de l’homme à la nature.

Certaines associations dénoncent aussi certains clips de présentation jugés comme trompeurs et manipulateurs (voix douce, encadrement recherché, présentation d’enfants, …).

B-Pure pour purifier l’air urbain

Enfin, le petit drone-abeille « B-Pure » d’à peine 10 cm de long propose de purifier l’air urbain à l’aide de filtres à particules savamment placés sur son corps. Nichées dans des ruches installées dans les lampadaires de la ville, les abeilles B-Pure effectueraient leur mission purificatrice en volant de manière autonome à quelques mètres d’altitude seulement. Une belle idée qui nécessite encore de nombreuses réflexions, proposée par une étudiante argentine de la Sustainable Design School de Nice dans le cadre du concours organisé par Air-Liquide sur le thème « Respirer la ville ».

Les richesses de la nature n’ont pas fini d’inspirer le monde de la robotique !

Quid d’un monde peuplé d’animaux-robots à défaut de réussir à sauver nos êtres-vivants ?