Le 5 octobre 2014, des drones non identifiés survolaient le site nucléaire de Creys-Malville (Isère). Un an plus tard, les enquêteurs ne savent toujours pas qui était aux commandes. Quels sont les véritables dangers du drone ? Quelles solutions apportées par la France ? Robots et Compagnie fait le point.

En France : 19 incidents impliquant des drones malveillants

drone malveillantLe survol fréquent de drones non identifiés au-dessus de zones sensibles met à mal la sécurité de notre pays.   Le site nucléaire de Creys-Malville (Isère) a été le premier événement d’une série qui touche toute l’Union européenne. La France compte 19 survols de centrales depuis cette date, sans parler de l’incident du meeting d’Angela Merkel en 2013, perturbé par le survol inopportun d’un drone.

Si la gendarmerie des transports aériens n’arrive pas à identifier les pilotes de ces engins malveillants, elle penche pour l’œuvre de hackers ou de protestataires indépendants. La piste terroriste n’est pas à écarter, mais elle est peu probable.

Plus de 40 startups planchent sur « un drone de l’État »

Le Ministère de l’Intérieur s’est donc saisi du problème en lançant, par le biais de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), un appel d’offres pour la conception d’un drone de l’État. Il devra être capable de surveiller les zones sensibles ou d’intercepter et neutraliser les engins volants malveillants, notamment en milieu urbain. Un drone anti-drone pour la France, en quelque sorte.

Une quarantaine d’entreprises françaises ont planché sur le sujet, parmi elles, Le FlyLab La Paillasse, startup parisienne spécialisée dans la conception numérique et la fabrication de drones en open source (libre accès).

Des drones démocratisés = danger !

droneSi La Paillasse n’a pas remporté l’appel d’offres (c’est Thalès qui a raflé la mise), elle peut se targuer d’avoir été spontanément contactée par l’ANR pour participer au projet. Son drone qui monte de 0 à 100km/heures en quelques secondes et qui peut atteindre des pointes à 200 km/h n’est qu’un exemple des nombreuses prouesses techniques possibles aujourd’hui en la matière.

Et selon ce FlyLab, le principal danger est ici. Aujourd’hui, tout le monde peut acquérir des hautes technologies à petit budget, mais aussi consulter librement des ressources sur le web, comme des codes informatiques pour perfectionner son drone ou pour installer de multiples capteurs.

Des technologies éparses doivent être coordonnées

droneParmi les projets en lice pour le ministère, La Paillasse cite celui d’un drone capable d’intercepter un autre drone à l’aide d’un filet. Cette technique pourrait être fort utile en milieu urbain puisqu’elle éviterait au drone neutralisé de s’écraser au hasard sur la population. D’autres techniques sont envisageables, comme la détection par radar ou par onde sonore. Une autre solution intéressante : celle d’envoyer un essaim de mini-drones autonomes auprès du drone malveillant afin de qualifier sa dangerosité avant d’utiliser un autre drone pour brouiller ses fréquences (et le faire dériver) à l’aide d’impulsions électriques. Mais le projet nécessite un système de réseau de caméras et surtout une géolocalisation hyper précise (pour la coordination des drones) qui n’est pour l’instant pas réalisable en extérieur.

Quand on regarde les technologies actuelles, on réalise que l’on peut tout faire : des caméras de reconnaissance faciale, des capteurs infrarouges, des brouilleurs de fréquence, il existe même des détecteurs d’émotions humaines. Si toutes ces technologies arrivent à fonctionner en synergie sur un seul et même drone, vous obtenez un drone policier. Reste à optimiser sa conception.

Le projet ANGELAS teste la synergie des briques technologiques

droneC’est sur ce principe que travaille Thalès, retenu pour l’appel d’offres auprès du ministère de l’Intérieur. Thales travaille en fait au sein du consortium piloté par l’Onera – le centre français de recherche aérospatiale (le consortium compte également Telecom SudParis, le CEA Leti et Exavision).

Son projet ANGELAS est en cours de développement expérimental pour une durée de 18 mois. Il consiste à évaluer les performances synergétiques de plusieurs assemblages de technologies (appelées des briques technologiques) qui permettront de répondre aux multiples scénarii envisagés par les acteurs de la sécurité intérieure.

Dans tous les cas, Hakim Amrani Montanelli, l’un des fondateurs du FlyLab La Paillasse, affirme que le gouvernement « a su faire preuve d’une bonne qualité d’écoute et d’une réelle compréhension [des enjeux du drone en matière de sécurité intérieure] ». À quand le projet européen commun ?