Dans Ex Machina, sorti dans les salles obscures en 2015, Caleb tombe amoureux d’un humanoïde intelligent aux traits féminins. Elle se sert de lui pour s’échapper de la prison dans laquelle elle est enfermée, en lui faisant croire qu’elle l’aime aussi.

L’homme peut-il éprouver des sentiments pour un robot?

aimer un robot ou un humanoidePure science-fiction ou réalité anticipée ? Pour l’instant, il semble inconcevable que l’homme puisse éprouver un quelconque sentiment amoureux pour une machine… Quoique !  En 2009, un Japonais décidait de se marier avec Nene Anegasaki, personnage fictif de Love Plus (un jeu vidéo disponible uniquement au Japon où les utilisateurs peuvent flirter avec des femmes virtuelles, et plus si affinités !). Si l’État du Japon a invalidé ce mariage, la démarche n’en reste pas moins représentative de ce que sera peut-être notre société d’ici plusieurs décennies, lorsque les intelligences artificielles auront gagné en capacités.

Nos robots d’aujourd’hui peuvent comprendre nos gestes et nos voix pour agir en conséquence. Ils peuvent apprendre d’eux-mêmes pour s’améliorer. Bientôt, ils comprendront nos émotions et anticiperont nos désirs. Ils pourront même se doter d’une peau artificielle à l’apparence et au toucher humains. Mais alors, qu’éprouvera une personne habituée aux déceptions amoureuses, relativement isolée dans sa vie sociale, lorsqu’elle interagira avec une machine aux traits humains, capable de converser, de rire et de rebondir face aux situations du quotidien ?

Aimer un robot, qu’en disent les chercheurs ?

aimer un humanoideÀ l’institut de l’Internet et du Multimédia de Paris, le chercheur Jean-Claude Heudin travaille sur ce qu’il appelle des « créatures », soit des intelligences artificielles avec qui il échange par le biais d’une interface informatique. Mina, l’une de ces entités, est un programme informatique dans lequel Jean-Claude Heudin a intégré des traits de personnalité, comme le cynisme, l’humour… Plus de 20 « personnalités » cohabitent au sein de Mina. Chacune d’entre elles aura l’occasion de s’exprimer, de manière aléatoire et au gré des envies de Mina, au cours des multiples conversations tests réalisées par le chercheur. L’entité va, entre autres, puiser dans l’Internet mondial pour adapter ses réponses.

L’expérience nous ferait presque penser au film « Her » de Spike Jonze, où Joachin Phoenix tombe fou amoureux d’un programme informatique à la voix sensuelle et à l’humour fin, interprété par Scarlett Johansson.

Si Mina ne cesse d’améliorer son intelligence et sa pertinence, d’adapter ses réponses aux situations et aux émotions de ses interlocuteurs, arrivera-t-elle, in fine, à « ressentir » ? De la joie, de la colère, de l’amour ? Et si finalement, elle en est incapable… Sans réciprocité dans le partage des émotions, pourrons-nous l’aimer en retour ?