L’intelligence artificielle (IA) va-t-elle nous envahir ? Oui, et d’ailleurs, elle l’a déjà fait ! Les IA sont partout, omniprésentes dans notre quotidien, et ce n’est qu’un début. Des systèmes de reconnaissance faciale, écrite, vocale, des jeux vidéo, des correcteurs orthographiques… De l’IA faible à l’IA forte, voire à la cognition artificielle, jusqu’où irons-nous ? Qu’est-ce que le deep learning ? Et Google Brain ? Quels pays sont les plus avancés en matière d’intelligence artificielle ? Robots et Compagnie a mené l’enquête.

L’intelligence artificielle, c’est quoi

l'intelligence artificiellePour simplifier, nous pourrions définir l’intelligence artificielle comme un programme informatique capable de réaliser une tâche ; de résoudre un problème normalement effectué par l’intelligence de l’Homme.

Dans ce contexte, les domaines de l’IA évoluent au gré des recherches : de l’industrie au tertiaire en passant par le jeu vidéo, l’analyse d’informations en masse (Big Data), la gestion des bases de données…

De l’IA faible à l’IA forte

Et puis, au début, il y avait l’intelligence artificielle dite « faible », ou « descendante ».

l'intelligence artificielle de googleUne IA faible est en fait une IA capable d’imiter un comportement et non son fonctionnement ; c’est-à-dire qu’elle apporte la solution sans passer par la case « réflexion ». Une intelligence artificielle faible effectue une tâche préprogrammée par l’homme et non évolutive.

Un jeu d’échecs automatique comme on en trouve dans les supermarchés, par exemple, est capable de jouer uniquement les coups qui ont été programmés en amont. Ici, votre jeu d’échecs ne comprend pas ce qu’il fait. Il ne fait que ce qu’on lui a dit de faire dans la situation donnée.

On parle souvent de système « expert »., mais les systèmes experts sont aussi des IA faibles. La communauté enrichit une base de données qui permet à l’intelligence artificielle de fournir un résultat selon une palette plus variée de circonstances, mais l’IA se contente de piocher dans une base de données enrichie. Elle ne « réfléchit » pas.la course à l'intelligence artificielle

Les chercheurs orientent de plus en plus leurs recherches vers une intelligence artificielle apte à produire un comportement intelligent et de « ressentir » une impression d’une conscience de soi (éprouver des sentiments, avoir conscience de son existence, …). Pour cela l’intelligence artificielle définie comme « forte » doit être capable de comprendre ce qu’elle fait.

L’intelligence artificielle d’aujourd’hui et le deep learning

Les intelligences artificielles actuellement utilisées

Aujourd’hui, les intelligences artificielles sont de plus en plus fortes. Elles arrivent à reproduire, non pas un résultat, mais un raisonnement humain, et ce grâce à la technique du deep learning. Le deep learning permet au programme informatique de comprendre le contenu d’une information. La machine se représente le monde en langage informatique et selon un raisonnement logique. À partir d’un programme simple, elle pourra apprendre d’elle-même pour obtenir des résultats plus complexes. Pour synthétiser en reprenant notre exemple du jeu d’échecs, la machine programmera elle-même les différents coups, au fur et à mesure qu’elle les découvrira en jouant.

Le deep learning ressemble au réseau neuronal humain

l'intelligence artificielle a une structure identique à celle des neurones humainsDans une structure en deep learning, l’algorithme se compose de différentes couches, chacune comprenant des milliers d’unités capables de réaliser des calculs simples et servant d’entrée de calcul aux couches suivantes.

L’intelligence artificielle en deep learning ressemble à s’y méprendre à une structure de neurones humains.

En bref, les IA d’aujourd’hui ne se contentent plus de fournir un résultat. Elles acquièrent leur propre raisonnement, à force d’analyse et de nouvelles situations rencontrées, un peu comme le fonctionnement de notre cerveau.

L’intelligence artificielle, pour quelles applications ?

L’intelligence artificielle est à peu près partout où il y a de la technologie et un besoin de résoudre une tâche précise. Citons en vrac les systèmes de reconnaissance faciale, vocale, la reconnaissance d’images… Le marketing évolue grâce à l’intelligence artificielle. Ici l’IA ne se contente pas de répondre au besoin du consommateur de manière instantanée (publicité adaptée à vos achats et vos recherches), elle détecte des micros comportements que personne n’aurait vu (ni programmé) et anticipe ainsi vos besoins. On appelle cela le marketing prédictif. Au-delà du Web et de ses applications, il y a également de l’IA dans les drones, les voitures autonomes, les logiciels…

Et le deep learning dans tout ça : IA faible ou IA forte ?

le deep learning IA faible ou IA forteEffectivement, le deep learning a fait évoluer les intelligences artificielles à grands pas et plus personne ne parle d’IA faible. De là à parler d’IA forte, nous n’y sommes pas encore. Pour cela, l’intelligence artificielle devrait être en mesure de réaliser de multiples tâches. Aujourd’hui, une intelligence artificielle n’est capable de travailler que sur une seule thématique.

Un ordinateur programmé pour jouer aux échecs apprend à jouer aux échecs, il ne fait pas du macramé. Vient surtout la notion de conscience. Si l’intelligence artificielle arrive à analyse son environnement et à « comprendre » la question qu’on lui pose, elle n’est pas consciente d’elle-même.

Même l’humanoïde le plus humain, doté de la meilleure intelligence artificielle n’aura aucune empathie. Et, si vous le débranchez, il n’éprouvera ni douleur ni peur… Du moins pour l’instant…

Le deep learning se situerait donc à l’intermédiaire entre IA faible et IA forte.

Et l’IA forte, c’est pour quand ?

Tout dépend de ce que l’on appelle IA forte. Selon les chercheurs, l’IA forte ne serait non plus une intelligence artificielle, mais une cognition artificielle dont la structure serait identique au cerveau humain. L’IA aurait alors peut-être la capacité d’éprouver des sensations, de traiter des informations perçues par les 5 sens, de construire des représentations internes de son environnement et de se situer elle-même dans ces environnements…

Google brain : l’IA forte, c’est pour quand ?Le projet Google Brain, destiné à faire progresser le deep learning et les capacités des intelligences artificielles a débuté dès 2006 sous la houlette de Jeffrey Dean et Greg Corrado, professeurs à l’Université de Stanford. En 2011 déjà, l’équipe commençait à construire un système d’apprentissage en deep learning à grande échelle à partir de l’infrastructure du cloud computing de Google… Du deep learning encore plus intelligent en quelque sorte.

En 2016, l’intelligence artificielle de Google a surpris les observateur en battant l’un des meilleur joueur mondial de Go. La surprise vient du fait que le jeu de Go, qui est le jeu le plus complexe inventé par l’homme, fait appel à des notions d’intuition et de ressenti.

D’autres laboratoires sont aussi dans la course, comme le projet Human Brain Project financé par l’Union européenne, mais nous sommes tous encore loin de la cognition artificielle ! Et pour cause, nos connaissances en neurosciences et en conscience humaine sont encore limitées. Gageons qu’un jour, les découvertes en la matière impacteront directement la recherche dans les intelligences artificielles, à moins qu’un événement singulier ne vienne créer une IA forte de manière totalement fortuite (théorie avancée par de grands noms comme Bill Gates, Elon Musk…).

Quels sont les pays à la pointe en matière d’intelligence artificielle ?

Les États-Unis ouvrent évidemment la marche en matière d’intelligence artificielle. Il y a aussi le Japon et le Royaume-Uni, traditionnellement tournés vers les techniques informatiques (Charles Babbage, inventeur du premier ordinateur, était anglais, tout comme Alan Turing, précurseur de l’IA). La France a longtemps méprisé cette matière de la recherche, même si elle rattrape son retard aujourd’hui. Idem pour la Chine qui se place dans la course depuis peu, en se spécialisant dans le traitement des données à grande échelle (Big Data) et le deep learning.

(Données de Jean-Gabriel Ganascia – expert français en IA à l’Université Pierre et Marie Curie)

Concluons par un constat simple : nous n’échapperons pas à l’intelligence artificielle. Mais avant de paniquer ou de vouloir à tout prix anticiper d’éventuels droits juridiques à ces consciences artificielles qui ne sont pas prêtes de voir le jour (si elles voient le jour), parions sur les bienfaits de cette technologie qui, loin de nous voler notre intelligence, accroît nos propres capacités et nous permet, à nous, de réaliser des choses folles que nous n’aurions jamais imaginées. Le vrai danger de l’IA, n’est-ce pas plutôt nous et nos ambitions démesurées ?