Des chercheurs de l’Université de Leibniz à Hanovre ont conçu un système nerveux artificiel qui permettrait aux intelligences artificielles de ressentir la douleur. La volonté des chercheurs n’est évidemment pas de « faire souffrir » de pauvres robots, mais de les faire réagir aux situations qui risqueraient de les endommager. Un peu comme un humain, un robot qui a mal pourra arrêter l’action qui entraîne sa détérioration. Si l’idée est ingénieuse, elle est aussi vertigineuse ! Quid d’une intelligence artificielle capable de ressentir physiquement et par la même occasion de comprendre la douleur humaine ? De l’intelligence artificielle à la conscience artificielle… Les robots auront-ils bientôt des émotions ?

La notion de conscience artificielle

Un système nerveux artificiel permet aux robots de ressentir la douleurL’émotion, la conscience, sont des concepts qui nous semblent essentiels au fonctionnement de notre cerveau et, du coup, à la fabrication d’un robot qui serait à notre image. Aujourd’hui, les intelligences artificielles sont capables de beaucoup. Elles peuvent reproduire une action ou un comportement humain à l’identique, s’adapter à nos émotions, à nos humeurs, pour nous fournir une réponse adaptée quant à la tâche pour laquelle nous les avons programmées. Elles peuvent même devenir de plus en plus performantes grâce aux techniques du deep learning, et enfin dépasser les performances humaines !

Une belle imitation donc, mais du côté du ressenti par contre, l’intelligence artificielle est encore et toujours une machine. Mettre en place une conscience artificielle nécessite de faire en sorte que le robot comprenne son environnement ; simuler un comportement n’est pas ressentir ; c’est tout du moins ce qu’estime de manière générale la communauté scientifique.

La création d’une conscience artificielle progresse

Un système nerveux artificiel permet aux robots de ressentir la douleurA l’institut Polytechnique de New York, des chercheurs sont parvenus à faire prendre conscience d’eux même à des robots. Le test s’est fait sur 3 robots capables de s’exprimer, les chercheurs ont indiqués aux robots que 2 d’entre eux été devenus muets, sans préciser lesquels. Aucun robot ne sachant lequel été toujours capable de s’exprimer. Ils leur ont ensuite demandé de trouver celui qui n’était pas devenu muet. Les 3 robots ont chacun tenté de répondre qu’ils ne savaient pas. 2 d’entre eux étant devenus muets un seul a pu répondre « je ne sais pas », dès qu’il s’est entendu répondre, le robot s’est repris pour exprimer qu’il connaissait maintenant la réponse. La prise de conscience qu’à exprimé le robot en reconnaissant de manière autonome qu’il n’était pas muet peut-elle être assimilé à une conscience artificielle ? Sans doute pas tout à fait mais il faut reconnaître que le robot à pris conscience de son existence et de celle de son entourage, on est donc assez proche de la création d’une conscience artificielle.

Un système nerveux artificiel greffé sur un robot lui fait ressentir la douleur

Kuka : Un système nerveux artificiel permet aux robots de ressentir la douleurMais qu’en est-il d’une intelligence artificielle capable d’avoir mal lorsque ses moteurs ou ses systèmes électroniques sont endommagés ? Les travaux d’une équipe de chercheurs de l’Université de Leibniz à Hanovre pourront peut-être bientôt nous faire avancer sur ce sujet. Ils ont en effet conçu un système nerveux artificiel, sur le même modèle qu’un système nerveux humain, qu’ils ont intégré à un bras robotisé de la marque Kuka. Grâce à différents capteurs reliés, le bras peut alors sentir quand on le touche. Incroyable, il se rétracte également de manière plus ou moins importante selon l’intensité du contact. Lors de tests effectués, le bras robotique se retirait vivement au contact de l’eau bouillante, par exemple. Si cette expérience est bien loin de la création d’une conscience artificielle on approche d’une capacité du robot de ressentir l’impact de l’environnement extérieur sur les éléments qui le compose.

Ressentir la douleur pour anticiper le danger

Kuka : Un système nerveux artificiel permet aux robots de ressentir la douleurJohannes Kuehn, membre de l’équipe de recherche, explique la démarche : « la douleur est quelque chose qui nous protège. Si les humains n’étaient pas capables de ressentir la douleur, ils se blesseraient plus souvent. » L’objectif est ici de donner une faculté supplémentaire (et humaine) aux robots : celle de ressentir la douleur, pour se protéger de manière autonome des actions et interactions qui risqueraient de les endommager. Grâce à ce système nerveux artificiel, le robot peut donc sentir lorsqu’un contact extérieur abîme ses moteurs et ses systèmes électroniques et réagir en fonction. Il peut aussi comprendre à quel moment ses propres actions deviennent trop intenses et s’arrêter avant de « ressentir » la douleur ; un peu comme un humain qui, à force de courir, commencerait à s’essouffler ou avoir un poing de côté.

Toujours selon Johannes Kuehn, donner aux robots la faculté de détecter leurs dommages leur permettra d’éviter les accidents et de mieux collaborer avec les humains, mais évidemment, le projet ouvre des perspectives beaucoup plus vertigineuses, notamment dans le domaine de « l’informatique affective », branche de l’intelligence artificielle et d’une conscience artificielle qui passionne de plus en plus de chercheurs.

Des cognitions ou consciences artificielles dès 2029, selon Ray Kurzweil

Ray Kurzweil, pape du transhumanisme embauché par Google en 2012, déclarait pour le magazine Wired qu’en 2029, des programmes « seront capables d’intelligence émotionnelle, d’être drôles, de comprendre des blagues, d’être sexy, aimants et de comprendre l’émotion humaine (…). C’est ce qui sépare les ordinateurs et les humaines aujourd’hui. Je crois que ce fossé va se refermer d’ici 2029. » Bien plus que de comprendre les émotions, les robots en seront-ils dotés ? Comment peut évoluer un monde ou les machines seraient équiper d’une notion d’existence grâce à une conscience artificielle.